Nous souffrons de notre sédentarité intellectuelle.
Nous nous plaignons de ne pas retenir ce que nous lisons, entendons, découvrons. Nous avons l’impression de parcourir le même chemin 100 fois. Nous sommes tel le randonneurs, qui, après une longue journée de marche, retourne chez lui, au point de départ. Ainsi, chaque nouvelle quête commence du même endroit.
Le progrès supposerait d’être nomade, de reprendre le chemin chaque jour où nous l’avions laissé la veille.
Mais comment diable être nomade ?
La première solution consisterait à développer une mémoire surnaturelle. À chaque nouvelle page, à chaque nouveau livre, nous pourrions bénéficier de toute la compréhension précédemment acquise.
C’était mon idéal de jeunesse qui est resté vain.
La désillusion m’a laissé un goût amère.
Je me sentais comme boiteux. Humilié par mon inaptitude à la progression intellectuelle. Allais-je devoir cheminer sur un seul pied, l’autre trainant en arrière, ou bien accepter ma sédentarité ?
Piqué par la curiosité, je ne pouvais me résigner.
Que fait l’homme qui boîte ?
Il coupe une branche pour en faire une canne.
Et si sa branche casse ?
Il en cherche une autre plus solide.
Quel genre de canne peut nous aider sur un chemin intellectuel ?
- Une canne qui consolide la mémoire et la soutient en cas de défaillance.
- Une canne qui sans arrêt change de forme pour gravir les cols de nouvelles compréhensions.
- Une canne qui nous reste en main. Il est si facile, distraitement, de l’oublier sur le bord du chemin.
Voilà qui demande une exigence et un travail constant.
C’est le prix du nomadisme.
En espérant ne pas tourner en rond.